« Si un individu s’expose avec sincérité, tout le monde, plus ou moins, se trouve mis en jeu. Impossible de faire la lumière sur sa vie sans éclairer, ici ou là, celles des autres »
Simone de Beauvoir – La force de l’âge
« L’information est le seul bien qu’on puisse donner à quelqu’un sans s'en déposséder. »
Thomas Jefferson,
l’un des rédacteurs de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis,

De l'esprit des lois (1748)

Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.
Charles de Secondat, baron de Montesquieu

26 février 2004

2/ Les dysfonctions dans les relations d’intimité par John Bradshaw

Page 46
Pour mieux se croire aimé, l'enfant blessé façonnera son comportement en se conformant aux attentes
présumées de ses parents. Son faux moi se développera au fil des ans et sera renforcé tant par les besoins du système familial que par les exigences immanentes aux rôles sexuels propres à chaque culture. Graduellement, le faux moi deviendra ce que la personne croit réellement être ; elle en oubliera que ce moi n'est qu'une adaptation, une sorte de mise en scène inspirée d'un scénario écrit par quelqu'un d'autre.
Vous ne pourrez connaître
l'intimité si vous n'avez aucune conscience de votre moi réel. Car comment pourriez-vous partager un peu de vous-même avec une autre personne si vous ne savez pas vraiment qui vous êtes ? Comment quelqu'un pourrait-il vous connaître si vous ignorez qui vous êtes en réalité ?
C'est notamment en établissant des limites fermes qu'un être humain se bâtit une solide conscience de soi. Tout comme les frontières d'un pays, nos limites physiques protègent notre corps et nous envoient des signaux lorsqu'une personne s'approche trop près de nous ou nous touche d'une manière inopportune. Nos balises sexuelles nous gardent en sécurité et à l'aise dans notre sexualité. (Les gens qui, sur ce plan, ont des limites fragiles acceptent souvent d'avoir des relations sexuelles alors qu'ils n'en ont pas vraiment envie.) Nos limites affectives nous disent où finissent nos émotions et où commencent celles des autres ; elles nous indiquent si nos sentiments nous concernent en propre ou s'ils concernent les autres. Nous possédons également des frontières intellectuelles et spirituelles qui déterminent nos convictions ainsi que nos valeurs.
Dès qu'on blesse un enfant en négligeant ses besoins ou en abusant de lui, on viole ses frontières. Cela instaure chez lui la peur d'être abandonné ou d'être englouti. Quand une personne sait qui elle est, elle ne craint pas d'être engloutie. Quand elle a confiance en elle-même et qu'elle a conscience de sa valeur, elle ne redoute pas l'abandon. Mais sans frontières bien établies, elle ne peut savoir où elle finit et où les autres commencent. Elle a du mal à dire non et à savoir ce qu'elle veut, deux attitudes qui s'avèrent cruciales dans l'établissement d'une relation intime.
Les problèmes d'intimité sont grandement aggravés par la présence d'une dysfonction sexuelle. Or, le développement sexuel des enfants qui grandissent au sein d'une famille dysfonctionnelle est toujours gravement perturbé ; cela s'explique par la pauvreté des modèles sexuels offerts dans la famille ; par la déception d'un parent face au sexe de l'enfant ; par le mépris et les humiliations qu'on lui fait subir ; et par la négligence dont on fait montre à l'égard de ses besoins de dépendance liés à son développement.
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Autres billets sur le livre Retrouver l'enfant en soi par John Bradshauw
1/ Retrouver l'enfant en soi
3/ Le sentiment de vide
4/ Les croyances magiques
5/ Les émotions refoulées
6/ Les défenses du moi et la théorie du portillon
7/ Le remords
8/ Les comportements agressifs
9/ Le témoignage

10/ Groupe de parole : comprendre qu’on est là pour soutenir les autres

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10/ Groupe de parole : comprendre qu’on est là pour soutenir les autres par John Bradshaw

Page 164
Maints adultes enfants ont appris à compter aux yeux des autres en devenant des protecteurs. Par voie de conséquence, à force d'aider et de sauver tout le monde, ils ont développé une dépendance vis-à-vis de ce rôle. Souvent, ils distraient la personne de ses émotions par des phrases telles que : « Regarde le beau côté des choses » ou « Voyons maintenant les solutions que tu as trouvées », ou encore par des questions du type pourquoi (« Pourquoi penses-tu que ton père buvait ? »). Les meilleures phrases que l'on puisse utiliser sont plutôt : « Comment te sens-tu maintenant ? », ou « Qu'est-ce que cela représentait pour toi ? », ou encore « Si ta tristesse pouvait parler, que dirait-elle ? ». De tels énoncés encouragent l'expression des émotions.
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Autres billets sur le livre Retrouver l'enfant en soi par John Bradshaw
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2/ Les dysfonctions dans les relations d’intimité
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6/ Les défenses du moi et la théorie du portillon
7/ Le remords
8/ Les comportements agressifs
9/ Le témoignage
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6/ Les défenses du moi et la théorie du portillon par John Bradshaw

Page 124
L'expression de la première souffrance est fondée sur l'hypothèse voulant que l'ancienne douleur affective demeure paralysée et inhibée. Nous la transposons dans l'acting out parce qu'elle n'a jamais été résolue. Et nous ne pouvons pas la résoudre parce qu'un mécanisme inhibiteur (les défenses du moi) nous empêche de savoir que cette souffrance émotionnelle existe.
…/…
Les travaux de Ronald Melzack sur l'encéphale peuvent également contribuer à expliquer le fonctionnement des défenses du moi. Melzack a découvert un mécanisme neural d'adaptation biologique qui agit comme un portillon et sert à inhiber la douleur. Ce chercheur soutient que les trois systèmes cérébraux de l'encéphale possèdent des fibres d'interconnexion qui assument une double fonction : faciliter et inhiber ; quant au portillon il contrôle l'information circulant entre les trois cerveaux. Ce qu'on appelle le « refoulement » pourrait à l'origine s'opérer au niveau du portil
lon entre le cerveau qui pense et celui qui ressent.
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Autres billets sur le livre Retrouver l'enfant en soi par John Bradshaw
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2/ Les dysfonctions dans les relations d’intimité
3/ Le sentiment de vide

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5/ Les émotions refoulées
7/ Le remords
8/ Les comportements agressifs
9/ Le témoignage

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7/ Le remords par John Bradshaw

Page 132
Souvent, le remords suit la peine et la tristesse. Nous nous disons : « Si seulement les choses avaient été différentes, peut-être que j'aurais pu agir autrement. Si j'avais plus aimé mon père et si je lui avais dit à quel point j'avais besoin de lui, peut-être ne m'aurait-il pas abandonné. » En consultation, lorsque je rencontrais des victimes d'inceste ou d'abus sexuel, il m'était difficile de croire qu'elles éprouvaient de la culpabilité et du remords par suite de tels viols, comme si elles en étaient responsables de quelque manière. Lorsque nous pleurons une personne décédée, le remords semble quelquefois plus pertinent ; nous aurions souhaité, par exemple, passer plus de temps avec cette personne. Mais quand nous pleurons un abandon survenu au cours de notre enfance, nous devons aider notre enfant blessé à comprendre que, de tout ce qu'il a fait, rien n'aurait pu être fait différemment. Sa douleur met en cause ce qui lui est arrivé à lui, et non ce qu'il est en soi.
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9/ Le témoignage

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8/ Les comportements agressifs par John Bradshaw

Page 34
Nous pourrions penser que tous les êtres portant en eux un enfant blessé sont gentils, calmes et patients, alors qu'en réalité, l'enfant intérieur blessé est en grande partie responsable de la violence et de la cruauté en ce monde. Hitler a été constamment battu durant son enfance ; il a été humilié et insidieusement bafoué par un père sadique, qui était lui-même le fils illégitime d'un propriétaire foncier juif. Hitler a reproduit la forme la plus extrême de cette cruauté en faisant souffrir des millions d'innocents.
…/…
Les comportements agressifs, source majeure de destruction humaine, sont le résultat de la violence subie dans l'enfance, violence ayant engendré une souffrance et un chagrin refoulés depuis ce temps. L'enfant impuissant et blessé d'autrefois donne naissance à l'adulte agresseur d'aujourd'hui. Pour comprendre ce processus, il faut se rendre compte que maintes formes de mauvais traitements prédisposent l'enfant à devenir un agresseur, cela étant particulièrement vrai dans les cas de violence physique, d'abus sexuel et de brutalité affective grave. Le psychiatre Bruno Bettelheim a créé l'expression « s'identifier à l'agresseur » pour illustrer ce phénomène. Selon lui, la violence sexuelle, physique ou affective s'avère si terrifiante pour l'enfant qu'il ne peut conserver son propre moi lorsqu'il en est victime. Afin de survivre à la douleur, il perd tout sentiment de son identité et s'identifie plutôt à l'agresseur. Il est à noter que Bettelheim a mené ses recherches en étudiant le comportement de personnes qui avaient survécu aux camps de concentration allemands.
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7/ Le remords

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