« Si un individu s’expose avec sincérité, tout le monde, plus ou moins, se trouve mis en jeu. Impossible de faire la lumière sur sa vie sans éclairer, ici ou là, celles des autres »
Simone de Beauvoir – La force de l’âge
« L’information est le seul bien qu’on puisse donner à quelqu’un sans s'en déposséder. »
Thomas Jefferson,
l’un des rédacteurs de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis,

De l'esprit des lois (1748)

Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.
Charles de Secondat, baron de Montesquieu

30 mai 2010

7/ 3 juin 2010 – Gaillac : film et débat sur l’inceste après le film : La conspiration des oreilles bouchées

L’association Paroles de femmes présente le film “L’inceste, la conspiration des oreilles bouchées ce jeudi 3 juin à 20h30. Ce film sera suivi d’un débat.

Ce film réalisé par Carole Roussopoulos, Claudine Le Bastard et Simone Iff présentent quatre femmes qui vont témoigner des viols commis par leur père ou grand-père. Ces femmes luttent pour franchir le pas, se dire que l’on n’est pas coupable, que l’on doit pas garder ce crime caché pour soi. L’injonction “il faut oublier” est rejetée par toutes. Le montage tisse un argumentaire progressif atour de la question de l’inceste sans didactisme, mais avec force.

Un débat suivra animé par Marie-France Casalis, porte-parole du “collectif féministe contre le viol”.

Le jeudi 3 juin à 20h30

  • Salle Dom Vaysette, 3 rue Cavaillé Coll
  • Entrée gratuite

Plus d’information sur l’association Parole de femmes :

40, place d’Hautpoul – 81600 Gaillac
tél. : 05.63.81.22.65.
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Autres billets sur La conspiration des oreilles bouchées
1/ La conspiration des oreilles bouchées – inceste 1988
2/ L'Inceste la conspiration des oreilles bouchées – CASB
4/ Carole Roussopoulos, documentariste – le Monde – 28 octobre 2009
5/ Hommage à la documentariste Carole Roussopoulos aux 12e Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM)
6/ Soirée d'hommage à Carole Roussopoulos – 22 janvier 2010
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28 mai 2010

5/ Le compagnon de Camille Laurens dans Romance nerveuse

Page 74
Ruel me soufflait son plan pour la suite, un plan sans fioritures qui consistait en un silence définitif – je dis bien : dé-fi-ni-tif, tandis que je composais le message que j'allais t'adresser aussitôt rentrée, « Luc, ce n'est pas de sexe que je suis demandeuse, c'est de désir. Mais tu ignores ce que c'est: tu n'as pas de désir, ni de moi ni de rien. Tu as des rêves, ou des besoins, ce n'est pas pareil. Tu t'ennuies, c'est tout. Rien ne tient longtemps, et tu démolis tout ce qui pourrait tenir.
Il y a eu quelques moments, malgré tout, entre toi et moi : je cherche à les retrouver, admettons, mais je ne suis pas de taille à lutter contre l'incommensurable ennui que t'inspire le monde assez vite. C'est ce qui m'angoisse – l'impuissance où je suis envers toi. Un jour, j'ai eu un enfant mort entre les bras, alors je sais ce qu'est l'impuissance, je ne ressuscite pas les morts.
Restons-en là, donc.
J'ignore pourquoi tu agis ainsi, pourquoi tu te fais haïr, pourquoi tu repousses ce que tu attires. Mais quoi que ce soit, on devrait avoir honte de se rendre si malheureux. Camille », Ruel trouvait ça long, inadapté, grotesque, je l'écrivais en écoutant sa chanson, tu sais j'suis pas un mec sympa et j'merde tout ça tout ça, tu sais j'ai pas confiance j'ai pas confiance en moi, tu sais j'ai pas d'espérances, je surlignais « restons-en là », suppr, je le remettais, je l'enlevais, j'appuyais sur Envoyer, tu me répondais presque aussitôt : « Je t'en prie, ne me lâche pas, car c'est en tombant que je mourrai », j'avais peur que ton ivresse te pousse au drame, que tu te supprimes comme on presse une touche, « Je ne peux pas te lâcher, c'est bien le problème », tapais je, tu ne veux pas, corrigeait Ruel, tu es une sombre gourde avec un QI de shampouineuse à Villard-de-Lans, j'envoyais d'un clic, il est malheureux, répliquais je, j'éprouvais son malheur dans mon corps, il m'étreignait comme s'il était mien, j'étais solidaire d'une souffrance intime qu'aucune avanie n'effaçait, la bête à mes yeux ne masquait pas l'ange, j'argumentais ainsi dans le vide, Ruel se taisait, il était très tard, elle en avait assez d'être mon esprit, quelle humiliation, assez de traîner le boulet de ma sentimentalité bouchée à l'émeri, je faisais honte à toutes les femmes, tu allumais une cigarette, « merci, mon amour, à demain, dors bien », concluais-tu,
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Autres billes sur le livre Romance nerveuse de Camille Laurens
1/ Romance nerveuse

2/ Dissociation

3/ Camille Laurens avait neuf ou dix ans
4/ La jumelle insensible

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26 mai 2010

Affaire Polanski, suite par Sandrine Goldschmidt pour A dire d'elles

In féminisme, politique on mai 19, 2010 at 4:23

Par Sandrine Goldschmidt

Etant donné l’avalanche de commentaires de presse depuis samedi, il me semble important d’en reparler.

Surtout après la confession de Charlotte Lewis, parue dans le Daily Mail.

Et des articles, ici et là, tentant de la discréditer a priori.

Ce n’est pas, de ma part de l’acharnement contre un réalisateur de 77 ans, Roman Polanski. C’est un ras-le-bol du système, qui fait qu’il y a un vrai acharnement à vouloir défendre Polanski coûte que coûte (BHL, Finkielkraut, Cannes…).

D’abord, je le redis, Polanski n’a pas été jugé pour l’affaire Charlotte Lewis. Forcément, puisqu’elle vient seulement de sortir, cette affaire. Est-ce qu’elle ment ? Je n’en sais rien. Je ne me prononce pas, mais je n’ai surtout pas de raison a priori de penser qu’elle affabule. Donc, la justice doit statuer s’il y a une affaire et faire son boulot.
Ce que l’on peut commenter en revanche, ce sont les commentaires. Je vais les citer, et après je les reprendrai un par un.

1/ L’ex-actrice se contredit. Elle dit autre chose aujourd’hui que ce qu’elle a dit à une époque où elle travaillait encore avec Polanski.

2/ Elle a essayé de rentrer dans le milieu du cinéma à 14 ans, puis à 16 elle a rencontré Polanski. Elle a posé pour Play Boy. Elle a couché avec beaucoup d’hommes (peut-être parfois pour obtenir des postes, et parfois pour de l’argent). C’est dont elle qui l’a cherché. Elle n’est pas innocente, de quoi se plaint-elle ?

3/Pourquoi est-elle retournée dans l’appartement si ça ne lui plaisait pas ?

4/ Il lui a demandé son âge, elle était à l’âge du consentement, il n’a rien fait de mal.

1/ Elle se contredit. Faut-il revenir sur le fait que souvent, la victime, est sous influence, sous emprise, voire terrorisée, mineure ou pas, et qu’elle a honte, qu’elle se croit coupable ? (un petit tour du côté du blog de Muriel Salmona, la présidente de l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie, pour en savoir plus). C’est exactement ce que dit Charlotte Lewis : “je sais que j’aurais dû me tourner vers les autorités compétentes à l’époque, mais j’avais peur et honte. Je pensais d’une certaine façon que c’était de ma faute“, ce qui d’ailleurs, vient à peu près confirmer tout ce que je disais dans mon papier précédent, et que toutes les victimes de violences sexuelles, ou conjugales, adultes et enfants, expliquent ! En plus, il semble clair qu’elle était à Hollywood et droguée, ces déclarations de l’époque peuvent aussi être soumises à caution pour cette raison pure et simple. Du coup, je réponds de suite à la troisième affirmation. Pourquoi est-elle retournée dans l’appartement si ça ne lui plaisait pas…là encore, si ce qu’elle dit est vrai, ce n’est pas si étonnant. Oui, elle voulait réussir, oui, elle a été terrorisée, oui, elle n’a pas su/pu dire non…

Pour lire la suite de l'article , cliquez sur le logo de A dire d'elles


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24 mai 2010

14/ Un corps que je ne connais pas – dans Reconstruction par Jeanne Cordelier

Page 182
Quand ma tête me laisse un répit, je la partage avec Val, sur la terrasse, le soir au clair de lune. Souvent le corps suit, un corps que je ne connais pas, que je découvre. Outre m'avoir désenvoûtée, Val m'aurait-il en plus fait expulser ma petite fille, m'aurait-il délivrée de la petite vicieuse, qui a onze ans a eu son premier orgasme avec son père? L'enfant gâtée, comme se plaisait à m'appeler mon amie Albine, en appuyant bien sur gâtée. Comme le fruit et pourquoi pas la pomme, l'éternelle Ève, la dévoyée, la débauchée avide de sexe, la quintessence du vice? Oui, si à son insu en me trompant Val avait mis une femme au monde? S'il m'avait aidée à mettre bas mon petit monstre, ma part gâtée ... celle qui laisse un mauvais goût dans la bouche et qu'on recrache avec une grimace. Si Val m'avait tout simplement ouvert les yeux sur le fait qu'il n'y a pas d'amour heureux, mais qu'il en est de perdurables.
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Autres billets sur Reconstruction de Jeanne Cordelier
1/ Reconstruction de Jeanne Cordelier

2/ Jeanne Cordelier : Le second souffle

3/Préface de Benoîte Groult pour Reconstruction

4/ Reconstruction de Jeanne Cordelier par le Figaro.f
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5/ Aimer après l'inceste

6/ Comment devient-on après les viols par inceste ?

7/ Famille d’incestueurs

8/ La peur de l'abandon après une enfance violée

9/ Rêve d'inceste
10/ Le vide, l'abandon
11/ Dissociation
12 / Avec les viols par inceste, les échecs scolaires
13/ La chronique littéraire de Jean-Claude Lebrun : Jeanne Cordelier. L’autobiographie nécessaire
15/ "Reconstruction", de Jeanne Cordelier : la deuxième vie de Jeanne Cordelier par Fabienne Dumontet
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23 mai 2010

3/ Camille Laurens avait neuf ou dix ans dans Romance nerveuse

Page 36
Le soleil brillait sans chaleur. Du haut de mon rocher, je voyais en contrebas le muret du potager où mon, c'était le frère de mon grand-père, j'avais neuf ou dix ans, je ne sais plus, en tout cas mon grand-père était déjà mort parce que, de son vivant, personne n'aurait osé, ce qui est sûr aussi, c'est que j'étais petite – « Tu n'as pas encore de poils », avait-il remarqué –, chaque jour il me demandait de l'attendre devant le potager où il jardinait, je restais là sans oser désobéir, souriant de peur de le fâcher, jusqu'à ce qu'il vienne. J'avais fini par tout raconter à ma grand-mère, elle m'avait fait baisser la voix – « surtout, ne le répète jamais ! Tu m'entends ? Jamais » –, j'avais mis trente ans à l'écrire, et encore, quelques lignes au détour d'un chapitre, un cavalier maudit dans mon carnet de bal, c'était en souvenir de cette scène que Georges m'avait demandé de faire la voix off de son film, j'en étais certaine, et non, comme il me l'avait dit, parce qu'il aimait ma voix, simplement, mais je me trompais peut-être.

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Autres billes sur le livre Romance nerveuse de Camille Laurens
1/ Romance nerveuse

2/ Dissociation

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22 mai 2010

Ce qui se passe dans notre cerveau quand on est confronté à une grande peur – par Vincent Corbo 

Voici un article écrit pour notre site par Mr Vincent Corbo du laboratoire de recherche sur le trauma de l’université Mc Gill de Montréal.
C’est peut-être un peu compliqué à comprendre mais accrochez-vous... C’est vraiment important de savoir ce qui se passe au niveau neurologique quand on est confronté à une situation effroyable. et la recherche n’en est qu’à ses débuts.
Neuro-imagerie et Etat de Stress Post-Traumatique Par Vincent Corbo M.Sc. Centre de Recherche de l’Hôpital Douglas, Division de Recherche Psychosociale, Groupe d’Imagerie Cérébrale Université McGill, (Québec) Canada Depuis quelques années, la recherche s’est penchée sur les éléments neurobiologiques relatifs aux États de Stress Post-Traumatique (ESPT).
Plusieurs de ces éléments ont été examinés avec attention par le biais des techniques de neuro-imagerie structurelle (qui montre la structure du cerveau : CT-scan et Imagerie par Résonance Magnétique, ou IRM) et fonctionnelle (qui montre le cerveau en activité : PET-scan et Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle, ou IRMf). Le but de ces études est d’identifier si les modifications enregistrées dans la structure ou le fonctionnement du cerveau des personnes victimes de traumatisme psychique et souffrant de troubles de stress post-traumatiques sont la conséquence des psychotraumatismes ou un facteur prédisposant la personne à ces troubles. Afin de bien comprendre ces recherches, il nous faut au préalable décrire le modèle théorique de la peur et du stress.

1. Un Modèle Neurobiologique de l’ESPT : Le conditionnement et l’extinction.
Un des modèles neurobiologiques de l’ESPT conçoit les psychotraumatismes comme une forme de conditionnement de peur.
Le conditionnement est une forme d’apprentissage par association de deux (ou plusieurs) stimuli.
Par exemple, on présente une lumière verte à un rat, suivie immédiatement d’un choc électrique. Le rat apprend parfois après un seul test, à avoir peur de la lumière verte. Si le conditionnement est assez fort, la réaction de peur (ou dans le cas d’individus traumatisés, la détresse émotionnelle) peut apparaître lors de la présentation d’un stimulus différent mais apparenté au stimulus traumatisant original. Il pourrait s’agir, pour suivre dans le même exemple du rat, de la présentation d’une lumière bleue.

Une autre notion théorique importante est celle d’extinction.
C’est le processus par lequel l’animal (ou l’individu) apprendrait à ne plus avoir peur.
Cet apprentissage se fait en présentant un grand nombre de fois le stimulus redouté (par exemple la lumière verte) sans qu’aucune conséquence négative ne survienne (le choc électrique).
Il est essentiel de comprendre que ceci n’est pas un oubli de l’ancienne association, mais bien un nouvel apprentissage qui prime dorénavant sur l’apprentissage antérieur.
Si le processus d’extinction réussit et est consolidé dans la mémoire, la réaction de détresse/peur disparaît. Naturellement, il est plus facile de traiter la peur qu’inspire une lumière verte chez un rat que de traiter la détresse et l’angoisse qu’inspire la série d’éléments qui nous rappelle un événement traumatique.

Il y a donc deux phases cruciales dans le conditionnement de peur, soit l’acquisition et l’extinction. Ceci compose le modèle neurobiologique de l’ESPT, qui prédit que le trauma est en fait un conditionnement de peur qui résiste au processus d’extinction.
L’évitement est un aspect crucial du processus de consolidation de l’apprentissage de peur car il ralentit l’extinction. En évitant les stimuli qui provoquent les réactions de détresse et de peur, l’individu évite les sensations, les émotions négatives reliées au souvenir du trauma (par exemple aller à l’endroit où on a eu « son » accident ) et ne peut apprendre que la présence du stimulus n’est pas toujours signe de menace.
Ainsi, les personnes qui évitent des éléments rappelant le traumatisme ne peuvent intégrer de nouveaux apprentissages par rapport au traumatisme. Les statistiques épidémiologiques supportent indirectement ce modèle neurologique, en indiquant que, la plupart des victimes qui sont exposées à un événement traumatique, qui ont un ESPT un mois après l’événement traumatique, et qui acquièrent ce conditionnement, se remettent naturellement de cet événement.
Cela voudrait donc dire que la plupart des victimes ont un processus d’extinction efficace.
Par contre, il demeure un pourcentage d’individus qui n’ont pas ce processus d’extinction, qui pratiquent l’évitement et chez qui l’apprentissage de peur se consolide et se généralise.
Les études neurologiques, tentent donc d’examiner quelles structures neurologiques (quelles parties du cerveau) sont impliquées dans le conditionnement de peur et dans l’extinction afin de pouvoir intervenir au bon moment avec une thérapie appropriée qui sache aider le processus naturel d’extinction et empêcher le réflexe d’évitement.
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Autres billets sur les conséquences traumatiques
11 mars 2010 – Colloque "Viols et agressions sexuelles : comprendre pour agir" Extrait intervention de Muriel Salmona
RFI – État des lieux de la situation des droits de l'enfant dans le monde
Autres billets du Docteur Muriel Salmona
°/ La mémoire traumatique
°°/ Dissociation, mémoire traumatique et violences sexuelles : des conséquences graves sur la santé à soigner
Elles crèvent d’être enfermées dans un no man’s land, de devoir se taire à cause de la honte et de la culpabilité
Mécanismes des violences : quelles origines ?
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19 mai 2010

Inceste: la loi du silence par Frédéric Berg

Mercredi 19 mai 2010
f.berg@charentelibre.fr
La loi et le silence. L'inceste est le crime le plus secret, le plus tabou. Pourtant, deux millions de Français sont ou ont été victimes d'inceste selon une récente enquête Ipsos mandatée par l'Association internationale des victimes de l'inceste (Aivi). L'enquête révèle également que seuls 30 % des victimes portent plainte. Et ces chiffres cachent une vérité plus dramatique encore puisqu'ils ne tiennent pas compte de celles et ceux qui se taisent pour éviter de dynamiter leur famille, parce qu'ils ont peur, honte ou qu'ils veulent oublier.
Pour lire la suite de l'article, cliquez sur le logo de Charente libre blog
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18 mai 2010

Démagogie dangereuse : Agressions sexuelles par Martine Warnier

"Savoir pour mieux combattre l'inceste" Victime d'agressions sexuelles par son propre père, la Lilloise Martine Warnier vient de sortir "Ma victoire sur l'inceste", une réédition de son premier livre. Rencontre avec une femme sensible et engagée qui souhaite briser l'un des tabous de la société actuelle.
Contrôleuse des douanes et militante syndicale, Martine Warnier s'est toujours battue pour prétendre à la stabilité. Mais la Lilloise a beaucoup souffert de l'inceste commis par son père à l'âge de 7 ans. Cette blessure enfouie l'a rendue malade pendant 45 ans. Urticaire et dépression faisaient partie du quotidien. Lorsque sa fille lui a avoué en mars 2001 avoir été victime d'agressions sexuelles par la même personne durant son enfance, les plaies se sont réveillées. Mme Warnier a alors décidé de briser le tabou et de porter plainte.
10 000 euros d'indemnités Justice a été rendue. En 2005, un tribunal civil lui accorde 10 000 euros d'indemnités. La même année, le père de Martine Warnier (aujourd'hui décédé) est condamné à 3 ans de prison avec sursis pour le viol d'une autre personne, en l'occurrence sa propre nièce. « La société a enfin reconnu ses actes », déclare la quinquagénaire. « Mais aucun suivi n'a été fait pour qu'il ne recommence pas », regrette-elle, pointant du doigt le manque de moyens des institutions.
Cette sortie au grand jour du déni a par ailleurs valu à Mme Warnier plus de trois ans de psychothérapie : « je me suis bagarrée pour me construire ». Avec le soutien de son entourage, la femme s'est investie d'un devoir de parole retranscrit dans son livre, "Le Vieux", retravaillé et réédité il y a peu sous le nom de "Ma victoire sur l'inceste". « Je souhaite raconter la souffrance pour mieux l'expliquer. J'ai envie d'aider d'autres personnes », explique-t-elle.
Ce témoignage citoyen vise essentiellement à délivrer du « savoir pour mieux combattre l'inceste ».
A cet égard, Martine Warnier œuvre aussi en tant qu'animatrice pour l'association AIVI.

Références : Martine Warnier et son livre "Ma victoire sur l'inceste", éditions AàZ Patrimoine
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Inceste : familles empoisonnées de Fabrice Gardel et Juliette Armanet, sur Arte – 4 mai 2010

Par Violaine Gelly
On croit généralement tout savoir de l’inceste. De loin, en tout cas. Pourtant, c’est de près, de trop près, que certains enfants le subissent. Alors qu’un glaçant sondage annonce que 26 % des Français déclarent connaître au moins une personne victime d’agression sexuelle, de viol, d’attouchements, d’abus ou de confidences sexuelles répétées par un parent, le documentaire que diffuse Arte assène des vérités qu’il est toujours bon de rappeler.
Filmés en plan rapproché, Nicolas, Nadia, Sandrine et les autres racontent sans pathos les agressions sexuelles de leur oncle, frère, grand-père, alors qu’ils avaient 4, 6 ou 7 ans. Nul voyeurisme ici. En peu de mots, la violence des dégâts de l’inceste est décortiquée. La culpabilité : « On intègre l’idée que, s’il essaie de nous détruire, c’est qu’il a une raison. » L’emprise : « “Pourquoi je ne m’enfuis pas ?” me répétais-je. J’ étais pétrifiée. » La perversion : « Il avait instauré une forme de relation amoureuse. »
L’autodestruction : « Anorexie, boulimie, je voulais détruire ce corps pour qu’il ne le trouve plus séduisant. » Mais le plus déchirant à entendre est le silence familial qui a entouré ces drames. Un silence qui n’a, parfois, même pas l’excuse d’être ignorant : « J’appelais “maman, maman…” et elle n’est jamais venue », se souvient Nadia. Marie, l’une de ces mères, a accepté de témoigner à visage découvert. Ses deux filles, dès l’âge de 4 et 6 ans, ont été violées par leur grand-père pendant dix ans. Leur mère avait eu connaissance des premiers attouchements, mais, dit-elle, « je croyais avoir été ferme avec mon beau-père. Je ne pensais pas qu’il oserait recommencer ». Sauf qu’après l’avoir dénoncé une première fois les fillettes se sont laissé faire : puisque leurs parents savaient et n’avaient rien fait, il ne servait à rien d’en reparler.
« Elles m’en voudront toujours, admet Marie. Et j’assume la vérité : je n’ai pas su les protéger. » Des années d’accompagnement psychologique puis, parfois, l’aide de la justice, ont aidé ces enfants martyrs à l’emporter sur leur bourreau. « Il m’a torturé, il m’a humilié, mais il n’a pas violé ma vie », dit Nicolas. Ces témoins disent aller bien, s’être reconstruits. Ils semblent sereins. Et on pense alors à tous ceux qui n’ont pas parlé.
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Autres billets sur l'émission Thema d'Arte du 4 mai 2010

Mardi 4 mai 2010 – Arte Thema "Crimes d'inceste"

Quelques dérives, avec ce genre de raisonnement

"Un père accusé d’inceste jugé inapte à subir son procès"

Acquitté après avoir violé sa fille de 4 ans, pour cause de "sexomnie"

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15 mai 2010

L'inceste en milieu urbain. Étude de la dissociation des structures familiales dans le département de la Seine (1937-1954) Par Denis Szabo

Une édition électronique réalisée à partir du texte de M. Denis SZABO, “L'inceste en milieu urbain. Étude de la dissociation des structures familiales dans le département de la Seine
(1937-1954)
”.

Un article publié dans la revue L'Année sociologique, Troisième série (1957-1958), 1958, pp. 29-93. Paris : Les Presses universitaires de France.

L'inceste est envisagé sous des angles différents suivant les disciplines et les auteurs.
Pour certains, il est essentiellement la manifestation d'une perversion bio-psychique dont l'analyse relève de la psychopathologie médicale : médecins et psychiatres doivent, selon eux, conjuguer leurs efforts pour en éclairer les mécanismes.
Pour d'autres, la prohibition de l'inceste est à la base de l'organisation exogamique des sociétés tribales et constitue, de ce chef, la règle fondamentale sur laquelle repose la culture.
D'autres encore envisagent l'inceste comme un processus social qui affecte les rôles respectifs du père, de la mère et des enfants.
N'écartons pas non plus ceux pour qui l'inceste est la cause d'un drame humain : les littérateurs ont mis au jour des éléments importants pour la compréhension de ce phénomène.
Enfin, on peut dire aussi de l'inceste qu'il est une variante de l'attentat à la pudeur et qu'il est réprimé dans toutes les sociétés civilisées.
Ainsi, chaque discipline particulière – la médecine, la psychiatrie, l'ethnologie, la sociologie, la littérature, le droit – en abordant l'étude de l'inceste, se penche plus spécialement sur l'un ou l'autre de ces aspects.
Les études parues sur l'inceste sont très nombreuses.
Les médecins spécialisés dans la pathologie sexuelle ont consacré, depuis fort longtemps, des chapitres substantiels à la pédophilie, à l'alcoolisme, à l'hypergénitalisme, etc., facteurs étiologiques majeurs de l'inceste.
À partir des théories de Freud sur le complexe oedipien, l'école des psychanalystes a enrichi la connaissance de ce phénomène de nombreuses observations cliniques.
En ethnologie, c'est en étudiant l'organisation exogamique que les chercheurs se sont intéressés aux causes de la prohibition de l'inceste.
Les pénalistes, les magistrats, les services sociaux attachés à l'administration de la justice n'ont pas ignoré, eux non plus, cette catégorie importante des attentats à la pudeur.
Nous connaissons, par ailleurs, de nombreux romans et pièces de théâtre dont l'argument central est une relation incestueuse.
Enfin, tout récemment, les sociologues se sont également penchés sur ce problème. K. Weinberg, auteur du premier travail sociologique d'envergure, dénombre plus de 4 500 titres d'ouvrages et d'articles se rapportant à l'inceste [1].
Il faut toutefois faire remarquer que la production sociologique est de loin la plus maigre en comparaison avec celle des autres disciplines. Ceci tient, en partie, à la jeunesse de cette science qui manque encore de chercheurs qualifiés et de concepts théoriques suffisamment au point. Les recherches sociologiques sont rares pour une autre raison encore. L'inceste n'est pas un phénomène issu de l'apprentissage de normes de conduite comme c'est le cas pour la plupart des délits, pour les délits contre la propriété, par exemple. L'inceste peut être considéré comme une réaction individuelle à des conditions d'existence imposées, en quelque sorte, par la société.
En raison de l'intensité du tabou sexuel, ce comportement déviant des normes socialement admises est un des crimes les plus dissimulés et, peut-être, le plus marginal des comportements délictueux portés à la connaissance des autorités et des sociologues.
La rareté des cas a donc éliminé l'aspect morphologique de l'analyse sociologique de l'inceste : toute une branche riche et traditionnelle de la recherche sociologique ne put ainsi lui être appliquée.
Les troubles que l'inceste introduit dans le jeu normal des rôles des divers membres de la famille, le phénomène de groupe qu'est l'inceste, conséquence d'une faible intégration dans la culture de la société globale sont autant de points de vue qui ont, jusqu'à présent, été à peine effleurés par les chercheurs.
La rareté des matériaux, mais aussi la difficulté d'accéder aux sources pour ceux qui ne sont ni juristes ni médecins-psychiatres ont de quoi décourager les rares vocations qui, éventuellement, se présentent. De plus, le chercheur doit établir lui-même les documents de base à partir des dossiers de police et de ceux des Assises, ce qui représente une dépense de temps et de patience considérable.
En abordant la présente étude, nous nous sommes placé dans une perspective sociologique.
Ce qui nous intéresse, ce sont les phénomènes de groupes, les différents aspects de la conscience collective. Nous n'avons pas eu de contacts directs avec les inculpés : l'observation clinique ne fut donc pas à notre portée. Celle-ci doit cependant compléter notre étude car elle seule pourrait apporter des réponses à maintes interrogations que nous ne pouvons que formuler.
Il nous a paru utile, d'autre part, de rappeler brièvement les divers essais d'explication ethnologique de l'origine et la signification de la prohibition de l'inceste car ces recherches projettent des lumières sur la signification qu'on peut attribuer à ce crime dans nos propres sociétés. À la lumière des théories ethnologiques, maintes explications de l'inceste apparaîtront fantaisistes, ou du moins très partielles.
Enfin, avant d'aborder l'analyse des résultats de notre propre enquête, nous rappellerons les connaissances que nous avons de l'inceste dans nos sociétés occidentales.
Pour lire la suite de l'article, cliquez sur le logo de UQAC
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14 mai 2010

Elles crèvent d’être enfermées dans un no man’s land, de devoir se taire à cause de la honte et de la culpabilité par Muriel Salmona

Elles crèvent, littéralement, d’être enfermées dans un no man’s land, de devoir se taire à cause de la honte et de la culpabilité.
mai 2010, par Claudine Legardinier
Psychiatre psycho-traumatologue, responsable de l’antenne 92 de l’Institut de victimologie, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie, Muriel Salmona reçoit des victimes – et des auteurs - de violences, notamment sexuelles. Elle décrit les conséquences de ces violences, parmi lesquelles la prostitution, et les étapes de la reconstruction.
Il faut sortir de ces parasitages monstrueux qui nous font confondre désir et excitation traumatique. Certains hommes qui croient désirer ne vivent en fait que des symptômes psychotraumatiques, un mal être qui les pousse à s’anesthésier dans des conduites addictives. C’est l’équivalent de la conduite du toxicomane. Ce qu’ils vivent n’est pas du désir mais une excitation liée à un stress. Et l’orgasme est un shoot obtenu en exerçant des violences.
Pour lire la suite de l'article, cliquez sur le logo prostitution et société.fr
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Autres billets de Muriel Salmona
°/ La mémoire traumatique
°°/ Dissociation, mémoire traumatique et violences sexuelles : des conséquences graves sur la santé à soigner
11 mars 2010 – Colloque "Viols et aggressions sexuelles : comprendre pour agir" Extrait intervention de Muriel Salmona
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Mécanismes des violences : quelles origines ?

Ce qui se passe dans notre cerveau quand on est confronté à une grande peur – par Vincent Corbo
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10 mai 2010

Lundi 10 mai 2010 – FR3 – Hors série : Inceste…

Un documentaire de Alexandra Riguet et de Anne De Réparaz
Produit par Actual,
avec la participation de France Télévisions
Présenté par Béatrice Schönberg
C’est le crime le plus secret, le plus tabou. Il touche deux millions de victimes, une des rares estimations que nous ayons concernant l’inceste. Un chiffre qui ne prend pas en compte les nombreuses victimes qui se taisent pour préserver leur famille, par peur, ou par honte.
L’inceste provoque des dégâts psychiques très peu connus : anorexie, boulimie, alcoolisme, tentatives de suicide. C’est ce que l’on a découvert dans un des rares endroits en France qui prend en charge les victimes de l’inceste, le service du docteur Jehel à l’hôpital Tenon.
L’inceste peut être à l’origine de tous les troubles psychologiques établis. Même le code pénal ignorait ce mot. Depuis le récent vote de la loi qui inscrit l’inceste dans le texte, on ne demande plus à un enfant s’il a été violé sous la contrainte, la violence ou la menace.
Cette loi prévoit des formations, de la prévention, encore faudrait-il que le Ministère de la santé débloque des budgets.
L’équipe du film a filmé un procès d’assise à Douai, passé du temps avec les victimes soignées par le docteur Jehel à l’hôpital Tenon, découvert le travail de la Brigade des mineurs de Marseille, et le dispositif d’audition plus sécurisant du centre Anne Franck, à Béziers. C’est à Béziers, que nous allons rencontrer Gael, 19 ans, violé par son père, enfant, un exemple de la résilience. Nous allons aussi rencontrer des sœurs jumelles qui ont accepté le retour de leur père incestueux au domicile familial.
Nous verrons que les affaires d’Outreau ou d’Angers cachent d’autres procès hors normes. Nous avons essayé de comprendre comment une fratrie repérée depuis une dizaine d’années par les services sociaux, à Evreux, a-t-elle pu être victime de l’inceste pendant des années sans que personne ne le voie.
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Autres billets sur l'affaire d'Outreau
1/ Outreau - La vérité abusée
2/ Outreau, la vérité abusée. 12 enfants reconnus victimes par Marie-Christine Gryson-Dejehansart
3/ Outreau : Les lettres de Kevin Delay au juge Burgaud
4/ 24 février 2011 – La parole de l'enfant après la mystification d'Outreau
5/ Outreau : la télédépendance de l'opinion – « télécratie 4 » – « procès- téléréalité »
6/ Des troubles du comportement par Marie-Christine Gryson-Dejehansart
7/ Saint-Omer - juin 2004 : Les enfants présumés victimes sont placés dans le box des accusés !
8/ Saint-Omer – Selon M. Monier, une telle configuration des lieux a eu un effet négatif sur le procès, personne n'étant à sa place
8/ Saint-Omer – Selon M. Monier, une telle configuration des lieux a eu un effet négatif sur le procès, personne n'étant à sa place
9/ Saint-Omer – Mercredi 2 juin 2004 – Le procès bascule le jour des rétractations provisoires 
de Myriam Badaoui
10/ La victime envahie par le souvenir traumatique ne marque aucune pause « pour réfléchir » par M.-Ch. Gryson-Dejehansart
11/ le test du Rorschach expliqué par Marie-Christine Gryson-Dezjehansart
12/ Militantisme association par Marie-Christine Gryson-Dejehansart
13/ Les points de défaillance au procès de Saint-Omer par Marie-Christine Gryson-Dejehansart
14/ Florence Aubenas : le danger de la victime résiliente mêlée à toutes les causes
15/ Un éclairage sur les rétractations et les contaminations par Marie-Christine Gryson-Dejehansart
16/ Outreau : presse & justice – Florence Aubenas : je consulte le dossier d'instruction
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Autres billet sur l'affaire d'Outreau
7/11/2011 – Affaire Outreau : Myriam Badaoui a été libérée Par Jean-Michel Décugis, Adriana Panatta et Aziz Zemouri

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Une enquête souligne les souffrances des victimes d’inceste pr le Pr. Jehel

10/05/2010
par Elsa Maudet
Une étude Ipsos, que « La Croix » et RTL livrent en exclusivité, révèle que les victimes d’inceste sont plus déprimées et ont des rapports aux autres plus difficiles que le reste de la population française

Selon cette étude, les victimes d’inceste souffrent de multiples pathologies, bien plus que le reste de la population française. À commencer par la dépression. Mais pas seulement. Le rapport aux autres est également « profondément perturbé », analyse le docteur Louis Jehel, psychiatre à l’hôpital Tenon à Paris, qui travaille aux côtés des victimes d’inceste depuis des années.

En effet, 93 % des victimes d’inceste affirment « avoir régulièrement peur des autres ou peur de leur dire non », contre 29 % des Français ; et 92 % ont répondu « se sentir régulièrement irritable ou avoir des explosions de colère », contre 53 %.
"Plus vulnérables que les autres aux maladies"

Les relations amoureuses sont particulièrement difficiles. « Étant enfant, la victime s’est structurée avec le fait que la personne censée être là pour l’aimer est l’agresseur, explique Louis Jehel. Aussi quand la relation amoureuse se stabilise, cela fait peur » : 77 % des victimes interrogées se déclarent ainsi « dans l’impossibilité d’avoir un rapport sexuel », même si elles le désirent. « Cela leur rappelle de manière inconsciente que le sexe est dangereux, même si elles ont confiance en l’autre personne », assure le docteur Jehel.
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8 mai 2010

L'inceste, cette horreur qui empoisonne les familles sur Le soleil quotidien du Sénégal




Interdit dans la plupart des cultures et les religions, l’inceste sape même le fondement de la société humaine qui veut qu’un homme prenne femme ailleurs. Des chercheurs sénégalais expliquent dans ce dossier les aspects psychopathologiques de ce mal qui a rendu célèbre un homme comme Josef Fritzl, cet Autrichien qui couchait avec sa fille pendant 24 ans.
UNE ÉTUDE SUR DES FAMILLES SÉNÉGALAISES DÉCÈLE DES SIMILITUDES :
Un « crime » aux aspects psychopathologiques terribles Les chercheurs sénégalais ont déterminé les circonstances de la survenue de l’inceste dans huit familles au Sénégal. L’isolement de la famille, l’absence de la mère, le déséquilibre psychologique ou l’alcoolisme du père, la grande promiscuité spatiale sont les caractéristiques communes à ces familles.
Il est bon de clarifier le débat épistémologique pour éviter tous les amalgames. Le mot « inceste » vient du latin « incestus » (impur). L’inceste désigne une relation sexuelle entre les membres de la même famille, une pratique interdite.
La complexité réside dans la classification des parents proches ou lointains, surtout qu’en Afrique la famille ne se limite pas au père, à la mère et aux fils. Les relations à caractères sexuels entre les frères et les sœurs utérins, entre le père et sa fille, entre la mère et son fils sont qualifiées d’incestueuses. Les rapports sexuels entre une personne qui a une autorité parentale et un enfant adoptif sont rangés aussi dans le registre des actes incestueux. Selon le degré de proximité parentale et le genre de parenté biologique, l’attribution d’acte sexuel incestueux diffère d’une société à une autre, d’une période à une autre.
Quoi qu’il en soit, l’inceste est interdit en deçà et au-delà des Pyrénées pour parler comme les philosophes moralistes. Dans l’histoire de l’humanité, aucune communauté n’approuve cet acte, même si certains anthropologues réfutent l’universalité de l’amoralité de l’inceste.

C’est ce sujet complexe qui a intéressé les chercheurs sénégalais comme le maître-assistant à la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Aïda Sylla, et une équipe de médecins. Leurs travaux ont jeté la lumière sur quelques aspects psychopathologiques de l’inceste au Sénégal.
Il ressort de l’étude, qui porte sur huit cas, que les familles où est survenu l’inceste présentent des similitudes. Les facteurs à hauts risques D’une manière générale, il a été constaté l’absence de la mère (décès, divorce, voyage...), l’alcoolisme ou le déséquilibre psychologique du père, l’isolement de la famille, entre autres. « Il faut souligner qu’il s’agit d’une étude qui analyse les circonstances de survenue d’inceste dans ces huit familles. Nous avons reçu des victimes envoyées par des structures de prise en charge (associations, Ong...). Certaines étaient traitées pour maladie mentale et nous avons découvert qu’elles ont été victimes d’inceste. Les similitudes présentées par ces familles concordent avec les éléments que nous avons relevés dans la littérature concernant l’inceste », confie le docteur Aïda Sylla.

Un dossier de Malick Ciss et idrissa Sane
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7 mai 2010

L'inceste devient une infraction spécifique du Code pénal par Mathieu Croizet

Par mathieu.croizet le 07/05/10
Le journal officiel du 9 février débute par la publication de la loi (n°2010-121) du 8 février 2010, qui inscrit l'inceste commis sur les mineurs dans le Code pénal. Ce texte tend surtout à améliorer la détection, l'identification et la prise en charge des victimes d'actes incestueux, lesquelles sont encore aujourd'hui trop nombreuses. Le titre premier de la loi est consacré à l'identification et l'adaptation du Code pénal à la spécificité de l'inceste, le titre II à sa prévention et le titre III à l'accompagnement des victimes.

Grâce à cette réforme, l'inceste se trouve distinguée des autres formes de viol et d'agression sexuelle – caractérisées par la violence, la contrainte, la menace et la surprise – puisque s'ajoute "la contrainte morale", laquelle résulte de la différence d'âge et de l'autorité de l'auteur du fait. L'inceste, qui repose sur l'abus de la confiance spontanée des mineurs dans les adultes qu'ils côtoient au sein de la famille, a des conséquences psychologiques souvent plus destructrice que les autres formes d'agression, et reste passible de 20 ans de réclusion criminelle.

L'article 222-31-1 du Code pénal dispose que "les viols et les agressions sexuelles sont qualifiés d'incestueux lorsqu'ils sont commis au sein de la famille sur la personne d'un mineur par un ascendant, un frère, une sœur ou par toute autre personne, y compris s'il s'agit d'un concubin d'un membre de la famille, ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait".
Lorsque l'atteinte sexuelle incestueuse aura été commise par une personne titulaire de l'autorité parentale sur le mineur, la juridiction de jugement se prononcera obligatoirement sur le retrait total ou partiel de cette autorité, vis-à-vis de cet enfant, mais aussi sur le retrait de cette autorité en ce qu'elle concerne les frères et sœurs mineurs de la victime.

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6 mai 2010

Alice Miller est morte

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13/ La chronique littéraire de Jean-Claude Lebrun : Jeanne Cordelier. L’autobiographie nécessaire

Article paru le 6 mai 2010
Il y eut en 1976 la Dérobade, best-seller qui secoua ses lecteurs par la véhémence du ton et la crudité du propos. Jeanne Cordelier, née en 1944, y évoquait la relation incestueuse imposée par son père puis la plongée dans l’univers impitoyable de la prostitution.
L’option autobiographique relevait manifestement moins du désir d’exposition de soi que d’une impérieuse nécessité  : pour sortir de l’enfer, il fallait le représenter et le nommer. Le livre avait frappé les esprits, par sa combinaison de rigueur clinique et de violence. On pouvait alors supposer qu’un gigantesque travail sur soi venait d’arriver à son terme, mettant un point final à une aventure littéraire qui resterait marquée par sa fulgurance. Et l’on se trompait.
Car voici qu’apparaît, au bout de trente-quatre années, un second récit formant un véritable diptyque avec la Dérobade. Placé en miroir, Reconstruction laisse en effet apercevoir de nouveau ce matériau autobiographique, mais pour le mettre définitivement à distance et s’attacher au temps d’après. Il y avait manifestement là, pour Jeanne Cordelier, un impératif non moins puissant que celui qui avait commandé l’écriture du premier livre. Sauf que le ton a changé, même si le regard n’a rien perdu de son acuité.
La narratrice a maintenant basculé sur le « versant lumineux » de son existence, ainsi que l’indique Benoîte Groult dans une préface qui laisse transparaître la mesure de son empathie. On découvre au fil du livre combien elle-même et Paul Guimard contribuèrent à cette reconstruction. Après un roman de résistance à la destruction, c’est donc un roman de formation que nous propose aujourd’hui Jeanne Cordelier. Avec en son centre la figure de Val, l’humanitaire suédois qui fit peu à peu se déplier tout ce qui avait dû se rétracter et rester inemployé. Avec lui, celle qui écrit avait éprouvé un véritable agrandissement d’elle-même.
Elle en raconte ici les étapes, depuis les sensations idylliques du début, jamais encore éprouvées, jusqu’à l’apprentissage de nouvelles douleurs consécutives à l’attachement. Ne laissant que peu de prise à la sentimentalité, elle observe et analyse, le dehors comme le dedans. Elle nourrit son regard de lectures et d’échanges, telle sa rencontre avec Louis Althusser évoquée ici avec une délicatesse extrême.
Elle se lance aussi dans une activité éditoriale rendue financièrement possible par le succès de la Dérobade. Avec Val elle monte en Suède, où ils se sont installés en 1977 et vivront dix-sept ans, une maison qui traduit Duras, Perec, Michaux, Marie N’Diaye… Ce qui peut donner une idée assez précise de l’exigence qui en toute chose la commande.
Elle désigne en même temps la lecture et l’écriture comme des éléments majeurs de sa reconstruction, agents d’une métamorphose ne cessant plus de s’accomplir. La discipline littéraire quotidienne tiendra même lieu de rempart, quand surgiront, au cours des années, les désagréments et les amertumes, les maladies et les pertes.
Jeanne Cordelier compose ici un roman dans lequel s’engouffre le flot hétéroclite de ce qu’elle a pu connaître et éprouver dans cette seconde partie de vie. Parce que l’autobiographie chez elle ne relève ni de la pose avantageuse ni de l’exhibition racoleuse. Si l’ancienne verdeur quelquefois affleure, c’est que l’esprit de résistance ne s’est pas étiolé. Il fait même tenir ensemble les deux volets du diptyque.

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Autres billets sur Reconstruction de Jeanne Cordelier
1/ Reconstruction de Jeanne Cordelier

2/ Jeanne Cordelier : Le second souffle

3/Préface de Benoîte Groult pour Reconstruction

4/ Reconstruction de Jeanne Cordelier par le Figaro.f
r
5/ Aimer après l'inceste

6/ Comment devient-on après les viols par inceste ?

7/ Famille d’incestueurs

8/ La peur de l'abandon après une enfance violée

9/ Rêve d'inceste
10/ Le vide, l'abandon
11/ Dissociation
12 / Avec les viols par inceste, les échecs scolaires
14/ Un corps que je ne connais pas

15/ "Reconstruction", de Jeanne Cordelier : la deuxième vie de Jeanne Cordelier par Fabienne Dumontet

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5 mai 2010

Esprits criminels Saison 5 Épisode 20 A Thousand Words

Directeur : Rosemary Rodriguez
Ecrivains :
Edward Allen Bernero (story)
Jeff Davis
(creator)
Date : 5 May 2010 (Season 5, Episode 20)

A Tallahassee, en Floride, un homme appelle le 911 pour annoncer son suicide imminent.
Lorsqu'ils débarquent sur les lieux un peu plus tard, les enquêteurs découvrent de fait le corps du suicidé, mais ils remarquent qu'un mur est recouvert de photos et d'articles sur des meurtres de femmes perpétrés durant les dix années passées.
Le défunt a laissé bien en évidence un journal intime où il relate très précisément les assassinats des malheureuses.
En outre, des images avec les prénoms et les années de naissance de celles-ci sont tatouées sur son corps.
La seule à figurer en photo sur le mur, mais à ne pas avoir son nom tatoué sur le cadavre, est Rebecca Daniels, jeune femme portée disparue depuis trois semaines.
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Autres épisodes d'Esprits criminels sur l'inceste
Esprits criminels Saison 4 épisode 20 – Double personnalité /Conflicted
Esprits criminels – /Criminels minds – Reckoner : Saison 5 épisode 3
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4 mai 2010

Forum pour l'émission d'Arte 4 mai 2010


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Inceste : familles empoisonnées Mardi 4 mai 2010 sur Arte

mardi, 4 mai 2010 à 20:35
Rediffusions : 10.05.2010 à 00:50
Inceste : familles empoisonnées
(France, 2010, 45mn)

Réalisateur: Fabrice Gardel , Juliette Armanet
Producteur: Doc En Stock

Sept victimes de l'inceste décrivent les mécanismes familiaux à l'œuvre dans les abus qu'ils ont vécus. Un film bouleversant.

Ils sont sept, âgés de 23 à 60 ans. Hommes, femmes, mère, jeunes filles, ils viennent de différents horizons. Tous se livrent à visage découvert, avec courage. Chacun fait part de son histoire, avec ses émotions et ses mots. Des récits à la fois uniques et universels, où il est question des silences, du sentiment de culpabilité, de l'absence de repères, de l'immense solitude, de la lâcheté de toute une famille. On ne peut comprendre l'inceste que si l'on prend en considération le fonctionnement de la cellule familiale, et pas seulement la relation abusé(e)/abuseur. C'est un des mérites du film que de mettre au jour ces mécanismes. Le documentaire veut aussi transmettre un message d'espoir en donnant la parole à des hommes et à des femmes qui ont su se reconstruire. Leurs témoignages constituent une main tendue à ceux qui, comme eux autrefois, étouffent aujourd'hui sous une chape de silence.
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Autres billets sur l'émission Thema d'Arte
Mardi 4 mai 2010 – Arte – Thema "Crimes d'inceste"

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3 mai 2010

2 millions de victimes d'inceste par Bernard Reynaud

lundi 3 mai 2010
Un numéro du Nouvel Obs daté du 29 avril au 5 mai 2010, riche en informations
…/…
6°) dossier "Inceste l'enfance assassinée" dans le TéléObs en PJ : 2 millions de victimes, peut-être "1 enfant sur 10... 4 d'entre eux sur 10 (soit 8 fois plus que la moyenne) feront une tentative de suicide [ce que POMMEREAU avait démontré au Centre ABADIE de Bordeaux]
"Le mot clé, c'est la perversion... au sens moral du terme : manipulation, double jeu, double lien, injonction paradoxale : tous les ingrédients qui font que, psychologiquement, on puisse aliéner quelqu'un sans jamais faire preuve de la moindre brutalité."
page 5 "Nicolas... son oncle... l'a offert en sacrifice à dix hommes de la secte satanique à laquelle il appartenait... [c'est donc confirmé noir sur blanc par le Nouvel Obs du 29 avril au 5 mai 2010]"… Entre 30% et 80% des abuseurs auraient été abusés..."
La Croix 10/5/2010 page 10 : "... 98% des victimes d'incestes se sentent ou se sont senties "régulièrement très déprimées"... les victimes d'inceste souffrent de multiples pathologies... 93% des victimes d'inceste affirment "avoir régulièrement peur des autres ou peur de leur dire non"… " Étant enfant, la victime s'est structurée avec le fait que la personne censée être là pour aimer est l'agresseur... Aussi quand la relation amoureuse se stabilise, cela fait peur"... les victimes ont également une peur terrible de devenir parents... 85% des victimes souffrent de douleurs chroniques... 86% d'entre elles affirment avoir eu des idées ou pulsions suicidaires et 53% ont déjà tenté de se suicider, à une ou plusieurs reprises... les victimes attendent en moyenne 16 ans avant de révéler leur agression, 22% attendent même plus de 25 ans..."
Pour lire le billet, cliquez sur le logo Information Bernard Reynaud
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2 mai 2010

L'enfant cassé par Catherine Bonnet

Dimanche, avril 25, 2010
» L’enfant cassé, l’inceste et la pédophilie », Catherine Bonnet. La vérité sur l’inceste et la pédophilie est-elle insoutenable au point qu’il soit préférable de la nier ? A la fin du siècle dernier, à l’heure des premières révélations sur ces pratiques, la société hésite entre déni et banalisation, partagée entre le désir de dénoncer et celui de taire des actes qui remettent en cause ses fondements mêmes. Aujourd’hui, après la prise en considération, dans les années 80, des ravages provoqués par l’inceste et la pédophilie, après la scandaleuse affaire Dutroux, on voit se ranimer la suspicion à l’égard des victimes. Catherine Bonnet, médecin, psychiatre, psychanalyste et spécialiste de la maltraitance, tente ici de comprendre ce phénomène et apporte son témoignage afin d’éviter que la chape de plomb, une fois de plus, ne retombe. Comparant le syndrome post-traumatique des enfants victimes d’abus sexuels à celui des victimes de la guerre, elle démontre par des faits précis-dessins, propos, comportements – que la majorité de ces enfants sont crédibles. Incitant à ne négliger aucun symptôme, elle évoque la manière d’aborder la question avec l’enfant, le rôle des parents, la stratégie de l’agresseur. Fondé sur de rigoureux rappels historiques et d’impressionnantes données cliniques, l’ouvrage de Catherine Bonnet est un cri d’alarme et de protestation face à une situation dangereuse et paradoxale : alors que les professionnels sont obligés de signaler les enfants en danger, la parole des victimes et des adultes qui tentent de les protéger est de plus en plus refusée.

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